Venom raconte IPM

IPM fut un important groupe rassembleur de la région Lyonnaise. Venom, l’un de ses membre, se remémore avec nous le Hip-Hop à Lyon, et l’histoire du groupe.

Quel est ta définition d’IPM ?

Pour moi, IPM c’est un groupe de rap à part entière. On a un compositeur, un DJ (qui fait les scratchs sur les morceaux sur scène), et des MC. Avant, on travaillait avec une compagnie de danseurs, donc il y a aussi un aspect scénique. Je dirais donc que l’on est un vrai groupe de rap, dans le sens où on fait tout. On fait notre propre son, nos propres scratchs, on écrit nos propres textes. Et il y a la partie scène aussi, autant que le studio. On a fait vraiment beaucoup de concerts, et c’est un aspect important pour nous.

Environ combien de concerts ?

Moi, personnellement, je dois en avoir une petite centaine. Lucien, il doit en avoir encore plus, environ cent cinquante, quelque chose comme ça.

En fait, c’est une expérience qui s’est passée en deux temps. Moi je suis l’un des fondateurs du groupe (créé en 1992), et on a fait des concerts de 1992 à 1998. Après, de 1998 à 2005, il y a eu des concerts auxquels je n’ai participé que jusqu’en 2000. Ensuite, le groupe a continué. Donc le groupe a plus de concerts que moi.

C’était une association au départ, non ?

Oui, c’était une association loi 1901. On n’avait pas les moyens de basculer en SARL à l’époque, mais le but était de faire une maison de disques. C’était simplement pour pouvoir disposer d’une structure, et commencer à nous auto-gérer. Tout l’aspect logistique du premier album a été géré à notre niveau, notamment avec un gros travail d’Éric (Bellamy). C’était le meilleur moyen d’avoir des statuts, même si personne n’allait être rémunéré, ce n’était pas le plus important. C’était plus pour avoir un cadre juridique.

Tu as parlé d’Éric Bellamy (alias le Sourcier), peux-tu nous dire un mot sur lui ?

Éric, c’est le membre fondateur d’IPM. C’est lui qui est vraiment à l’origine du projet. Au départ, on était un groupe de rap et de danse qui s’appelait « B of C », et IPM est sorti de là. Éric a très vite pris des responsabilités en s’occupant un peu du mix, et après, quand on a commencé à avoir nos premiers samplers, de la composition. C’est lui qui a entièrement composé le premier album. C’est lui aussi qui est à l’origine du label « La Lyonnaise Des Flows » qui nous a permis de sortir des disques, et qui après a donné sa société YUMA. Maintenant il est tourneur, et il gère sa société. C’est quelqu’un qui est très actif dans le Hip-Hop depuis plusieurs années, à divers niveaux.

Peux-tu essayer de nous retranscrire l’atmosphère Hip-Hop, à Lyon, à l’époque d’IPM (90/2000) ?

A l’époque (dans les années 90), à Lyon, il y avait beaucoup de groupes. Il n’y en avait pas autant qu’à Paris, mais on comptait déjà plus d’une vingtaine de groupes qui faisaient des concerts, ou qui se croisaient sur les radios. Car il y a eu plusieurs émissions de radio qui servaient un peu de point de ralliement à ce moment-là. Par exemple il y avait « Bring The Noise » que Kris Fader animait sur Radio Brume, et nous on avait une petite émission sur Radio Pluriel qui s’appelait « Les fréquences de l’underground ». Il y avait aussi la « Black Line » de Marc sur RCT, et il y avait Sun FM qui jouait beaucoup de Hip-Hop. Donc il y avait pas mal d’émissions, presque tous les jours, et beaucoup de groupes en profitaient pour aller présenter leurs nouveaux morceaux. Même s’il n’y avait pas vraiment de possibilités d’enregistrement, on commençait à l’entrevoir. En effet, dans ces années-là (notamment 96/97), il y a eu des studios sur Lyon. Il y avait « L’Armé Du Ruban Rouge » qui avait un studio à la Croix-Rousse, et plusieurs DJs, Duke et Kris Fader entre autres, qui faisaient des mixtapes assez régulièrement. Donc il y avait une activité locale assez importante.

Donc la radio était un bon moyen, autre que le disque, pour diffuser ces groupes ?

Oui, c’est ça. La radio était le vecteur de ralliement des MCs. Ils allaient tous sur ces radios pour lâcher leurs freestyles. De plus, dans ces radios tu avais des vrais DJs. Ils venaient avec leurs bacs, leurs platines, leurs tables, et ils faisaient des vrais mix. C’était vraiment une époque en or.

Tu as parlé de DJ Duke, quels étaient vos rapports avec lui ?

A l’époque, il tournait déjà sur de gros évènements, et il faisait fréquemment des mixtapes. Il invitait souvent des MC locaux à enregistrer sur celles-ci.

Les mixtapes, à l’époque, c’était payant, ou on les trouvait gratuitement ?

C’était des trucs payants, mais ce n’était pas cher. Une mixtape c’était environ quinze balles (en francs).

On les trouvait où à Lyon ?

Tu pouvais les trouver chez les disquaires. Il y avait « All Acces » qui en avaient. C’était un magasin de petite surface, qui faisait des vêtements de skate, de vinyles, et de Hip-Hop.

Crédit photo : Miss Den’ki

Quelle était l’atmosphère dans la rue ?

Il y avait une grosse scène de danse. D’ici, il y a beaucoup de compagnies, reconnues mondialement, qui ont émergé. Il y avait Mourad Merzouki, mais lui c’était plutôt institutionnel. Il y avait les Pockemon Crew, qui ont plusieurs champions du monde, et qui s’entraînaient sous l’Hôtel de Ville. C’est une sorte de petite place au centre de Lyon, relativement pavée, et tu pouvais aller les voir s’entraîner l’après-midi.

Et aujourd’hui, quelle est l’ambiance Hip-Hop à Lyon ?

Aujourd’hui, je sors très peu par rapport à avant, mais je sais qu’il y a des soirées qui se tiennent assez régulièrement.

Pendant un moment, il y a quelques années (disons jusqu’en 2015/2016), on a été abreuvés, entre autres grâce à Éric qui organisait des concerts (via sa société). Mais aujourd’hui, il y a un renouveau de soirées, il y en a de plus en plus.

Le Hip-Hop fait maintenant parti des mœurs. Quand nous, on était dans nos âges de sorties et de soirées, on était une bande. On était un certain nombre de personnes, qui se connaissaient au bout d’un certain temps plus ou moins. Alors que maintenant, il y a des gens qui viennent de tous les horizons, pas forcément du même quartier, qui ne se connaissent pas. C’est devenu plus global, et ce n’est pas plus mal.

Le groupe avait-il des liens avec les autres disciplines (graff, danse, etc…) ?

Nous, on essayait d’avoir un membre sur chaque poste. Un DJ, un compositeur, des MC, des danseurs. Après nos danseurs ont évolués et sont devenus rappeurs. On avait aussi des collègues qui faisaient du graffiti, ou de la photo, et qui travaillaient pour le groupe. Le but était de pouvoir montrer tous ces aspects dans un concert.

Avec le recul, quelle analyse fais-tu des réussites et des échecs de l’expérience IPM ?

Déjà, il faut savoir qu’on était partis sur un pari fou qui était de laisser une marque. C’est-à-dire sortir un disque qui puisse être écouté. On avait acquis une certaine expérience de la scène et du studio, et on voulait absolument se faire entendre. L’excellent point c’est qu’aujourd’hui, les gens connaissent plus ou moins le nom. Certes, on n’est pas passé par les réseaux de distribution qui font qu’aujourd’hui on nous connaît comme des pionniers ou quoi que ce soit. Mais on a laissé notre empreinte.

Ce qui est bien, c’est qu’au niveau local, ce premier LP a permis à d’autres groupes de finaliser. Il a rendu concret ce qu’on voulait. C’est-à-dire avoir nos supports, nos enregistrements de Hip-Hop, en plus de nos concerts.

Après, on ne va pas dire qu’on n’avait pas le niveau de renommée qu’on méritait, mais avec les moyens qu’on a eus, on a fait ce qu’on a pu. Il n’y a pas vraiment de regrets, pas vraiment d’échecs. On a laissé une trace. Certes, à l’heure actuelle ils sont très peu ceux qui en vivent, qui en tirent un revenu, mais au moins ça fait partie de nos bagages.

Quel est ton meilleur souvenir de cette expérience ?

Mon meilleur souvenir, c’est un peu particulier. Quand on faisait des concerts, on partait avec tout le groupe, et je me rappelle d’une fois où on a rappé en station. C’était aux 2 Alpes, sous la neige. C’était un concert fun, ça changeait l’ambiance. Un autre souvenir, c’est un concert à Rennes, dans un quartier ouvert où on avait joué deux fois. Une première dans le cadre d’un festival où il y avait Faudel, et une seconde où il y avait les Sages Poètes De la Rue. Et on a joué sous la pluie cette fois-là, c’était le délire. C’étaient des expériences un peu insolites. En concert, on a croisé un peu tout le monde, par exemple le 113, Ideal J. Ça, c’est des souvenirs impérissables.

As-tu ressenti une espèce d’unité entre tous ceux qui pratiquaient le Hip-Hop ?

Ce qu’il faut savoir, c’est que dans les années 90 il y avait déjà un certain niveau de concurrence. Les mecs voulaient signer en maison de disques, donc ils bossaient leurs raps sérieusement. Ce que je retiens de cette époque, ce n’est pas des histoires de rivalités démentes, mais un facteur d’émulation. Le fait d’aller voir les autres, qui te mettent une claque, pour que toi après tu repartes préparer quelque chose qui les laissent sur le cul. C’était une sorte de « pousser vers le haut », et ça c’était quelque chose d’excellent.

Le récent concert organisé pour les 20 ans de la sortie de l’album « La Galerie Des Glaces » vous donne t’il envie de recommencer l’aventure ?

C’est un déclencheur. Ça nous a permis de nous retrouver dans des sensations qui sont nôtres. Quelque chose que l’on faisait il y a 20 ans, et très régulièrement (car sur l’année on faisait une cinquantaine de concerts). C’était vraiment intense. Donc ça nous a permis de reprendre la pratique, l’entraînement, de nous retrouver ensemble. Après, il y a eu la scène, et c’est le retour de toutes les expériences, comme s’il n’y avait pas eu de coupure entre le passé et maintenant. Ça maintient un fil conducteur. Aujourd’hui, plutôt que d’en rester là, on a décidé de commencer à bosser de nouveaux titres, et rechercher de nouvelles scènes. Même si pour le moment, il n’y a pas de nouveau concert prévu, en tout cas pas avant 2020.

Avez-vous eu besoin de vous préparer pour ce concert ?

Oui, bien sûr. On répétait une fois par semaine pendant 2 mois. Parce que sur scène, on aime bien être carrés. On est beaucoup, c’est un peu chaotique, mais il y a une certaine organisation.

A l’occasion de ces 20 ans, vous avez réédité l’album en vinyle. Pourquoi ce ne fut pas le cas à l’époque ?

C’est le budget. A l’époque, on savait déjà qu’un LP c’était plus facile à faire en CD, car il s’adressait au grand public. De plus, c’était très difficile d’avoir un album vinyle de bonne qualité. Donc on s’est concentré sur les Maxi en vinyle, parce qu’ils s’adressent plus aux DJs, qu’on en avait un en concert, et qu’on aimait bien le côté face B.

Pour les 20 ans, il fallait marquer le coup. Et là justement, on s’adressait à un autre public, plutôt des fans. Et par rapport au fait qu’on a été un groupe qui avait des vinyles, c’était un beau cadeau d’avoir l’album en vinyle. Aussi bien pour eux que pour nous.

Le but n’était également pas le même que la première fois où il est sorti. La première fois, on avait un label qu’il fallait faire tourner. Il aurait fallu arriver à un certain nombre de ventes, et pour ça un CD c’était mieux, ça pouvait toucher plus de personnes, et c’était plus facile à distribuer.

IPM en concert au Ninkasi (Lyon) le 29/01/2019 (Crédit photo : Miss Den’ki)

Comment avez-vous défini votre style, votre couleur de sons (inspirations, choix des samples, travail du beat, structure des morceaux…) ?

On avait plusieurs sources. On avait un DJ qui achetait beaucoup de vinyles, un compositeur, qui en achetait beaucoup aussi, et nous-mêmes, on écoutait beaucoup de sons. Ce qui était bien à cette époque, c’était qu’on avait une fenêtre globale sur le Hip-Hop. Il y avait les émissions à la télévision, et on animait des émissions de radio, donc on était toujours à la recherche de nouveautés. C’est un contexte qui va créer un certain climat, et qui fait que quand tu vas rechercher des samples ou des boucles, tu vas chercher quelque chose qui sonne assez vite, et tu vas essayer de le faire sur des machines qui sonnent. Au niveau des MC, c’était un peu la même chose. On est des passionnés, on essayait donc d’avoir une écoute sur tout ce qui se faisait (aussi bien US que Français). C’était des années où le rap Français était dingue, beaucoup en écoutaient. Il y avait constamment du renouveau. Il y avait aussi de l’échange. Ne pas être dans une ville tout seul, mais côtoyer plusieurs MC, échanger avec eux. Évoluer les uns les autres.

Après, tu vas partir d’une démarche ou tu vas t’inspirer, mais de tes inspirations tu vas en ressortir une originalité. C’est le Hip-Hop tel qu’on le conçoit. Ne pas plagier ce que tu apprécies, mais essayer au contraire d’y apporter ta touche personnelle, une autre dimension. Nous, on était dans cette optique, et on l’est toujours. Le but, c’est de faire de la bonne musique originale, que l’on n’a pas entendu avant. Aussi bien au niveau des flows, des sujets, que des compositions.

Qui produisait les instrumentaux, et sur quel matériel ?

Pour le son, c’était principalement le Sourcier. Mais il y a eu aussi d’autres personnes, notamment Kamel d’Illicite, qui a fait deux ou trois sons. Après, on répétait assez régulièrement, et on en profitait pour choisir les samples. Il y avait un gros travail de groupe. Côté matériel, avant « La Galerie Des Glaces », notre premier sampleur c’était un Roland W-30, après on a eu un Ensoniq ASR-10. Après, c’était les sampleurs Akai S1000, et S2000. Après, sur le deuxième album, les MPC sont arrivées. Éric était très attaché à un système. Il composait ses beats à partir de bibliothèques originales. Ce qui l’intéressait, c’était de composer, mais pas avec des drums machines. C’était de faire pièce par pièce, et après de rejouer les trucs. Ça a apporté la touche du son.

Pour le premier album, on a eu comme mixeur Jeff Dominguez, qui a mixé la Mafia K’1 Fry, et qui a accepté de mixer le premier album d’IPM. Ça a enrichi l’expérience et permis que ça sonne comme ça.

Penses-tu qu’un groupe est tributaire de son origine géographique ?

Maintenant en France, non, mais à l’époque plus. C’est-à-dire que maintenant, si tu regardes, la chance c’est que sur la grosse scène du Hip-Hop, les gens viennent de partout. Il y en a qui viennent de Toulouse, Orelsan vient de Caen, Jul de Marseille, les gens viennent d’un peu partout. Avant c’était déjà le cas, mais on était sur quelque chose de plus centralisé. Les médias, ils sont à Paris, donc forcément tu étais obligé de voyager pour pouvoir promouvoir ta musique.

Après, le fait de venir de certains coins de France ça peut apporter certains côtés caractéristiques. Tu vas essayer de faire sonner ton son comme ça, tu vas plus avoir de l’attirance pour les mélodies ou au contraire pour les trucs plus durs, c’est selon. Mais il y a une influence logique entre l’endroit d’où tu viens, et ce que tu essayes de faire, parce qu’on ne partage pas les mêmes expériences.

Tout était centralisé sur Marseille et sur Paris. A l’époque, IAM avait déjà leur structure, leur label, leurs groupes (la Fonky Family, le 3ème Œil, etc…), et sur Paris tu avais plusieurs groupes. Le pôle d’NTM, tu avais déjà le Secteur Ä qui était là, tu avais Expression Direkt. Il y avait des gros pôles de producteurs. Chaque ville avait son noyau de producteurs, de MC, etc… et ça tournait beaucoup autour d’eux. C’était difficile, quand tu étais extérieur à ce milieu, d’y rencontrer des gens, et de développer des relations durables.

Nous, on était un groupe de scène, et le fait de faire des concerts, des premières parties où tu vas rencontrer des gens, tu vas échanger avec eux, et un feeling va passer. C’est ce qui est à l’origine de tous les featurings.

Quels était, à l’époque, les relations entre IPM, Kesto (Medina), et les autres groupes Lyonnais ?

Conviviales. Ça nous a permis à un moment d’avoir un petit rôle rassembleur. Pour être simple, on n’a pas pu faire le Wu-Tang Clan sur la région Lyonnaise, mais on était déjà beaucoup (au maximum dans l’histoire du groupe environ 40, mais pour les albums c’était souvent 5/6 personnes). On avait un posse autour. Il y avait un des chanteurs d’IPM qui s’appelle Gas, et qui était avec un posse qui s’appelait « La Souche ». C’étaient des collègues qui venaient de Suisse. Ça fait que ce n’était pas un album où il y a juste le groupe et des invités extérieurs, c’était un album de posse. Il y avait vraiment toute la famille, il y avait Medina, Gas, etc…

Ce n’était pas un groupe trop difficile à gérer, quand il y a beaucoup de monde, avec des personnalités différentes ?

A l’époque, c’était plus facile à gérer car on était des bandes d’adolescents, des potes. On a eu l’opportunité de se retrouver dans une salle de répétition ou un studio. On va coucher des rimes sur une instru, on va se voir à la radio, et les atomes crochus vont disparaitre. En fait, ça paraît chaotique comme processus, mais c’était assez simple à mettre en place.

Quel sont tes activités à l’heure actuelle ?

Je compose un peu, je joue un petit peu au basket, et j’écoute de la musique. C’est tout ce que je fais.

Quel est ton rapport avec la spontanéité, l’improvisation ?

Moi avant, j’étais un très grand improvisateur. J’étais même connu sur Lyon pour mes impros principalement, mais j’essayais d’avoir un bon niveau de texte. Après, j’ai géré les deux. Maintenant, je suis plus sur les textes car j’ai moins le contexte pour improviser. C’est quelque chose de très important, et dès que ce sera possible j’essaierai d’en mettre un peu. Ceci dit je n’ai pas la facilité que j’avais avant, car je pratique moins.

Quel est pour toi la période la plus créative du mouvement Hip-Hop ?

Je dirais que ce qui est bien, c’est que jusqu’aux années 90, on est en évolution perpétuelle. Tu pars au départ de mecs qui ont deux platines, et qui arrivent à enchaîner des disques alors qu’ils n’ont pas de table de mixage. Après, ils ont une table mixage, les premières drums machines. Après, tu as Public Enemy, et tu as les années 90. NTM en France, Notorious Big aux États-Unis. Donc pour moi, la particularité du mouvement Hip-Hop, c’est d’être en perpétuelle évolution. Même si je trouve qu’il l’est moins maintenant. Mais c’est juste avant que quelqu’un d’autre arrive, et qu’il y ait une nouvelle évolution. Il y en a eu une petite avec la Trap, mais c’est un dérivé du Dirty South. Par rapport à ça, on l’a vu venir, mais c’est vrai que c’est une nouvelle forme.

IPM a t’il fait des petits ?

On vient d’une ville (Saint-Priest à l’Est de Lyon) où il y avait beaucoup de groupes. Sur tous les groupes qu’on connaissait à l’époque, il y en a beaucoup qui ont développé leur propre structure. Je ne vais pas dire que c’est les enfants d’IPM, mais on a créé des volontés, qui ont concrétisé des choses. On a été des précurseurs.

Venom et une fresque du graffeur Kalouf, quartier Part-Dieu (Lyon) le 14/09/2019 (Crédit photo : Miss Den’ki)

L’âge dans le Hip-Hop est-il important ?

Il n’y a pas d’âge pour faire du Hip-Hop, c’est ça qui est bien. Bien entendu, c’est plus un mouvement qui est considéré jeune, avec des acteurs entre 15 et 25 ans, mais la vraie pratique du Hip-Hop c’est pour la vie. La vraie question c’est « Aimes-tu ce que tu fais ? Est-ce que tu t’amuses ? As-tu envie de continuer à t’amuser, même après un certain âge ?».

3 mots pour définir ton art ?

Dynamique, complexe, et entraînant.

Dynamique, parce que dans le flow il y a un renouvellement, une cadence rythmique, qui fait que tu as envie d’écouter, et que ça va marquer les esprits.

Complexe, parce que dans ce flow, même si c’est l’utilisation d’une langue moins soutenue (par exemple de l’argot de Lyon, ou de l’argot Français), tu dois avoir une recherche, avoir tes propres formules, tes propres mots.

Entraînant, car les deux premiers peuvent donner des chansons de dingue, et après tu as le souvenir, lors des concerts, de gens qui reprennent le refrain avec toi.

Un objet qui te représente ?

Un micro.



Pour aller plus loin…


Retrouvez l’interview en audio ici :