Betino’s Record Shop

Rencontre avec un disquaire incontournable sur Paris, un personnage bien dans sa peau, et un grand passionné du vinyle.

Ton premier disque ?

Mon premier disque, c’est « Bohannon’s beat » en 45 tours.

Quand et comment as-tu décidé de devenir disquaire ?

Je n’ai pas décidé de devenir disquaire. Au milieu des années 80, j’étais encore étudiant à la fac, et j’étais un peu dans l’informatique. Je faisais une série de stages, et fin 86, mon cousin Gilbert m’appelle et me dit « Écoute, vu que tu es en stage et que tu ne bosses pas pour l’instant, veux-tu venir travailler avec moi dans un magasin de disques ? Les deux vendeurs sont partis pour des raisons qui les regardent, et voilà. Ça commence demain… ». Gilbert est plus âgé que moi, et c’est lui qui m’a un peu formé quand j’étais petit. On achetait des disques tout le temps, on collectionnait et on se voyait le soir en groupe. On se faisait découvrir les disques. Internet n’existait pas, mais c’était tout aussi efficace! On faisait des K7, et c’était cool. J’ai donc réfléchi à sa proposition, et j’ai demandé à ma mère si je pouvais bosser avec lui. Elle m’a donné l’autorisation!

Donc j’ai commencé à travailler dans un magasin de disques généraliste qui s’appelait « Radio Pygmalion ». Dans les années 80, c’était un magasin un peu pointu, dont la spécialité était les disques, avec un rayon Hi-fi et photographie. Il était situé en face de la Fnac Forum, Boulevard Sébastopol à Paris. Son principe, c’était d’être moins cher que la Fnac (un franc ou 50 centimes moins cher). Je me rappelle que quand un « Metallica » sortait, il y avait 100 mètres de queue devant le magasin, car c’était moins cher qu’à la Fnac.

Ils vendaient de la Pop, de la musique classique, de la musique africaine et antillaise, et comme on adorait tous les styles de musique, on a décidé de développer l’importation. On était à la pointe de tout ce qui sortait en import. On chopait tous les disques chez les distributeurs américains (en CD et en vinyle), et on importait toutes les nouveautés (en maxi et en album), en plus de ce qu’on recevait en France. On était férus de son et on était assez ouverts. Il y avait le Funk et le Hip-Hop fin 80, le début de la House music et de toutes les musiques électroniques, etc…

C’est comme ça que j’ai commencé à travailler dans la musique, et j’ai travaillé deux années dans ce magasin. Cette expérience m’a permis d’être en contact avec pas mal de gens aux États-Unis. Je me suis fait une culture généraliste, et en même temps j’ai découvert plein de groupes de Hard rock, de Funk, Soul et de Jazz.

Quelles sont tes relations avec les artistes (notamment les indépendants) ?

On essaie d’avoir des relations assez simples. Hormis le fait que certains artistes indépendants soient des potes, on essaie toujours de jouer le jeu et d’acheter quelques copies quand ils viennent nous voir directement. Que ce soit une, dix, ou cinquante copies, le tout c’est que l’on fasse l’effort. C’est important pour eux que leur disque existe, et on fait plaisir aux gens. On a un lien naturel avec tous les petits labels que ce soit en Hip-Hop, Funk, Jazz, Reggae, House, etc…

Les gens qui viennent nous voir en général c’est Hip-Hop ou House. C’est des jeunes labels qui viennent, ils arrivent à deux, ils nous expliquent un peu comment ça fonctionne, et voilà, on joue le jeu. Si on voit que ça se vend on les recontacte, sinon on fait un dépôt-vente.

Crédit photo : Sonia Blin

As-tu établi ton réseau de fournisseurs par le biais d’Internet ?

Oui, j’ai des contacts directs avec des distributeurs en Hollande, en Allemagne, aux États-Unis, et d’autres pays aussi. On se sert de plusieurs choses, on se sert d’importateurs (qui ont leurs sociétés en France). On se sert des distributeurs français (qui distribuent aussi parfois des labels indépendants étrangers). Et après on bosse en direct avec des distributeurs et des magasins qui produisent des disques. On essaie vraiment d’avoir toute la panoplie, et on fonctionne en pré-commande, ou en commande instantanée.

Par exemple, quelqu’un nous appelle et dit « Je viens de sortir un 45 tours. Écoute le, il est sur Bandcamp, mais on veut bien en vendre aux disquaires ». Ce n’est pas toujours le cas parce que souvent Bandcamp, ils vendent eux-mêmes, ce qui est frustrant quand même. On loupe beaucoup de disques parce qu’il faut les payer au même prix que l’acheteur direct. Alors quand on nous propose une vente en semi-gros, c’est plus intéressant.

Après, Internet est un outil très important pour nous. Ça nous permet d’avoir les prix chez les autres disquaires, et en général, de manière à ce que l’on soit dans le milieu, et de donner un prix juste. On ne peut pas toujours être le moins cher, on essaie de trouver le moyen de payer le moins possible, mais on est quand même une petite structure, on a des marges avec les distributeurs, donc on ne peut pas toujours être le moins cher. C’est très difficile de concurrencer les grosses structures, donc quand il y a des bons coups on essaie d’être là.

Donc voilà, avec l’expérience, on arrive à s’y retrouver. Avec la réouverture de plusieurs dizaines de magasins en France, et avec des centaines de milliers de vendeurs dans le monde, il faut exister. Il faut trouver des solutions pour pouvoir au moins grignoter un peu, sinon on est morts. C’est très excitant, mais c’est dur.

Comment expliques-tu la place importante du disque vinyle dans la culture Hip-Hop ?

Déjà, la culture Hip-Hop est liée au départ aux vinyles. Les premiers DJs, dans les années 70, s’amusaient à scratcher et à faire des pass-pass avec deux vinyles. C’était normal parce qu’il n’y avait que le vinyle et la K7 qui existaient. Le seul support étant le vinyle, on ne pouvait pas imaginer autre chose (il n’y avait pas le téléchargement). Ça me paraît normal que le vinyle ait été la meilleure association avec cette musique.

Il y avait aussi l’aspect technique. Tu as des platines vinyles, tu scratches, tu as besoin d’une deuxième copie pour scratcher en parallèle (je parle vraiment de la fin des années 70 et du début des années 80). Donc la culture du vinyle est très importante dans le Hip-Hop, mais pas seulement dans ce style, elle était importante dans toutes les musiques. Tout particulièrement dans les musiques indépendantes, comme le Hip-Hop et la House c’était exactement le même schéma : Il y a eu la notion de collection, la recherche de disques rares, de disques introuvables. Dans la House, ça a commencé en 86, de Chicago, de Detroit, et de New York, les gens s’arrachaient les disques. Comme dans le Hip-Hop, qui au début 90, a eu vraiment une explosion au niveau des artistes. C’était incroyable, ça a touché la planète entière. Il y avait Run DMC, Ice T, etc…

Au milieu des années 90 la situation est devenue beaucoup plus importante avec ATCQ, Pharcyde, De La Soul (même si ça a commencé fin 80), Naughty By Nature, tous les gros groupes qui ont fait d’énormes tubes. Ceci a créé une ouverture pour les vinyles, c’était vraiment le support numéro un.

Ensuite il y avait les concours, en particulier le concours DMC. Tous les ans, Dee Nasty et les autres faisaient les concours, c’était énorme, c’était un truc vivant. De plus les DJs avaient besoin de plusieurs copies, ce qui a fait que plein de magasins ont ouverts en Hip-Hop, Techno, House. La culture Vinyle existait à travers ses musiques indépendantes, comme le Hip-Hop, la House mais il y a aussi la Drum’n’bass, le Trip-Hop, la Techno et tout le reste. C’était parallèle à tout ce que qui se passait avec la montée du CD et la baisse du vinyle pour les gros artistes. C’est parti vraiment dans l’autre sens avec l’avènement du téléchargement.

Le développement et la montée du téléchargement (entre 2005 et 2006) a entraîné la chute des ventes en Hip-Hop. C’est-à-dire que le DJ qui allait avant aux Halles acheter deux fois le même disque, il n’achetait plus de disques et à la place il allait sur Internet se charger le son en l’achetant, le dédoublait et faisait ses enchaînements et scratches avec Serato ou sur CDJ. Donc ceci a créé une véritable chute des ventes de vinyles, et provoqué la fermeture de beaucoup de magasins spécialisés pendant cette période.

Je me rappelle qu’en 2006 il y avait 10 ou 15 magasins de Hip-Hop et de House qui ont presque tous fermé, et je me suis retrouvé presque seul à Paris, et ça a été très dur. J’ai tenu car je ne m’adresse pas uniquement à une clientèle spécialisée, je m’adresse à plein de gens différents (des collectionneurs, des kiffeurs de son, des novices, etc…). Je garde mon style musical, c’est la black music, et après j’élabore tout. Je fais du vieux et du neuf, j’associe les générations. J’ai toujours pensé qu’on ne pouvait pas vendre qu’aux DJs ou aux collectionneurs, il faut vendre à tout le monde, tout en étant pointu dans ce que tu fais, tu peux essayer d’élargir ta clientèle. J’ai tenu grâce à ça, si je n’avais fait que du Hip-Hop, je serais mort.

Les DJs qui jouaient à l’époque touchaient des gros cachets (de 3000 à 5000 euros), les DJs américains pouvaient toucher de 15 à 20000 euros. Ça ramenait beaucoup de monde, c’était en proportion. Maintenant si tu vas mixer dans un endroit pour 200 balles, c’est très bien (la moyenne c’est plutôt 80 ou 50). Je ne critique pas, mais la moyenne n’a pas augmenté, ça a surtout diminué par rapport à il y a 20 ans!

Les soirées Hip-Hop c’était énorme il y a 15 ans, ensuite il y a eu une chute totale. Pas trop pour la House. Soirée House, c’est différent parce qu’il y avait une autre ambiance, mais en soirées Hip-Hop il n’y a pratiquement plus rien.

Dis-tu le Funk ou la Funk et pourquoi ?

C’est un terme étranger (anglais) qui est lié, je crois, au plaisir. Moi je dis que j’écoute du Funk (comme je dirais que j’écoute du Jazz, de la House, etc). Je pense que la Funk c’est plus sympathique… En fait, comme c’est un mot anglais on peut faire ce que l’on veut, il n’y a pas de règle!

Es-tu DJ et si oui, animes-tu des soirées ?

Je suis un ancien DJ qui ne mixe pas souvent. Je mixe depuis que j’ai 20 ans, donc depuis très longtemps, mais pas souvent! Je joue une quinzaine de fois par an.

Crédit photo : Sonia Blin

As-tu des relations avec les beatmakers, les producteurs ? Es-tu musicien ?

Oui, j’ai des relations avec les beatmakers. Ce sont des clients, des gens qu’on connaît. Il y a les anciens, et les nouveaux qui arrivent. Je ne suis pas du tout musicien, malheureusement. Tout fonctionne avec mes oreilles. Je suis cérébral et en même temps je ressens le son, la qualité du mix, la vibration par rapport à mon oreille. Je ne suis jamais arrivé à jouer d’un instrument, j’ai un blocage entre mon cerveau et mes mains. Je ne mixe pas trop mal, je fais monter les ambiances quand je veux, je suis assez efficace en mettant la musique que j’aime, et en évitant de mettre du commercial… C’est à dire que je vais associer un morceau très qualitatif et connu avec 3 ou 4 trucs que personne ne connaît. Ce n’est pas calculé, c’est dans ma sélection quand je viens. Sur 150 disques, je prends 10 gros morceaux que tout le monde connaît. Au tout départ ça m’est arrivé de jouer les Michael Jackson, mais maintenant je ne les joue plus, je joue des trucs un petit peu moins connus. Tant que c’est de haute voltige, ça ne me dérange pas. Par contre, je ne pourrais pas faire une soirée avec tous les trucs commerciaux style Bee Gees, Diana Ross, Donna Summer… Je pourrais éventuellement le faire pour une soirée anniversaire, mais je ne sortirais pas du créneau « qualitatif commercial ». Mais en général, je fais ce que je veux quand je suis invité. Je mets des petits 45 tours inconnus, je peux mettre du Jazz en passant par la House, le Reggae. On va me dire « Tu joues ce que tu veux » donc je me régale.

De combien de disques se compose ta collection ?

On va dire 3000 disques au sens large, pas plus. Mon but n’est pas d’avoir des quantités, je suis un être humain et je n’aurai pas les moyens, ni la possibilité, de tout écouter.

Je garde mes disques pour deux raisons, déjà car je vais les mettre dans une soirée, et ensuite car je sais que je vais les écouter. Ça peut être du Jazz, de la Soul, de la musique brésilienne, du Funk, et quelques albums de Hip-Hop (ça ne sert à rien pour moi d’avoir les 200 meilleurs albums classiques de Hip-Hop, parce que je ne pourrais pas tous les écouter, si j’en ai 25 je suis content). Et comme j’aime tout, pratiquement toutes les musiques, je resserre tout. Sur un an, pour les nouveautés, quand elles sortent, je prends maximum 15 disques. Je préfère piocher dans le vieux, mais faut toujours que ça serve à quelque chose. Quand je vois un truc neuf qui me plait, je le prends. Je me posais moins la question à l’époque, mais après tu satures, et je ne veux pas saturer.

Après tu peux avoir 50000 disques avec que de la bombe, mais c’est par rapport à ma vie personnelle. J’ai une vie de famille, je travaille dans un magasin de disques et quand je rentre chez moi je n’ai pas forcément envie de réécouter ce que j’ai écouté au magasin. Je n’ai pas le temps d’écouter tous mes disques, mais je les connais. Peut-être qu’un jour, je n‘écouterai plus un type de musique et qu’au lieu d’en garder 500, je vais en garder 200. Peut-être que je vais commencer à aimer la musique classique dans les dernières années de ma vie, je n’en sais rien.

Crédit photo : Sonia Blin

T’intéresses-tu à l’audiophilie ?

L’audiophilie ne m’intéresse pas spécialement, dans la mesure où je n’y connais pas grand-chose. J’ai toujours eu du bon matériel chez moi, j’ai un super ampli (Cambridge Audio), et des enceintes classiques (JM Lab), qui n’ont rien de spécial. Mais comme je suis dans un petit endroit, je ne vais pas chercher à avoir une table à 15000€, ça ne m’intéresse pas, en platine j’ai les SL1200 (Technics), et les Pioneer (DJM500), avec une petite table ça me suffit. J’ai aussi des Kef que j’ai laissé autre part. Je veux un minimum de matos correct pour avoir un son correct.

Que penses-tu de la qualité des disques vinyles proposé aujourd’hui par la grande distribution, et les grandes enseignes (les rééditions, etc…) ?

Je n’ai aucune preuve, c’est juste un feeling, un ressenti, mais s’il y a beaucoup de rééditions qui sont de très bonne qualité, il y en a aussi beaucoup de mauvaises. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Le seul truc que je pourrais dire c’est que peut être qu’ils font des erreurs de gravure, ils ne font peut-être pas un bon mastering avant (ils utilisent peut-être un CD par exemple), mais s’il y a des sons pourris, c’est qu’il y a un problème à la base. Normalement quand tu fais un vinyle il faut faire un master spécial. Il y a un master pour le numérique, et il y en a un pour le vinyle. Le master du vinyle est bossé par le mec qui fait le mastering, il est bossé différemment. Donc peut être que le son n’a pas été vraiment étudié pour faire un vinyle. Certaines rééditions, c’est vraiment pourri! Il y a plein de fréquences qu’on n’entend pas, des grésillements, des saturations. Je ne comprends pas. Ils sortent tout et n’importe quoi. Le tiers des disques c’est ça : France Gall, Michel Berger ou Cabrel, ça ne sert à rien de faire des rééditions alors que tu peux les trouver dans les brocantes. Les originaux valent entre 5 et 10 balles, avec un son d’origine en bon état, et ils te font payer la réédition à 20 balles. Ils créent des catalogues pour booster le business, et parfois il y a des mauvaises conséquences.

Mais on reçoit aussi de très belles rééditions, de partout, notamment chez les indépendants qui font du gros boulot de mastering : Par exemple quand ils n’ont pas les bandes ou les matrices, ils réenregistrent les vinyles avec du super bon matériel, ils enlèvent les petits craquements, ils nettoient les disques, ils le re-masterisent et du coup ils te sortent un son impeccable.

Ta définition de professionnel pour « Mint » ?

C’est un disque jamais écouté, encore dans sa pochette fermée. « Near Mint », c’est petitement écouté avec beaucoup d’attention, éventuellement avec des petites rayures ultra légères presque invisibles. Quand un disque neuf est de seconde main, un original ouvert, je le mets systématiquement « Near Mint », comme ça tu ne prends pas de risques (il peut avoir été écouté). Un disque scellé, on ne dit pas Mint mais scellé! Un disque peut être scellé mais être en mauvais état à l’intérieur, cassé, avoir pris l’humidité, ou être gondolé (si pas mis droit dans des endroits). Après, il peut y avoir des gens qui demandent à ouvrir le disque et à vérifier.

Te sens-tu menacé par les nouvelles technologies ?

Non, il n’y a pas de menace (c’était il y a 15 ans ça). La seule menace c’est soi-même, la concurrence, et la situation économique actuelle. Serato (et les autres) ça fait partie du passé.

Mon objectif principal aujourd’hui c’est de résister à la crise, s’en sortir et continuer d’exister.

Crédit photo : Sonia Blin

Ta position par rapport à Discogs et la vente en ligne ?

Sois-tu te mets à dos (Discogs, eBay, etc…), soit tu te mets dans le mood, et tu acceptes que Discogs existe pour revendre et acheter des disques. Si ça te permet d’avoir de la pub gratuitement, car ils t’autorisent à vendre des disques en ligne, je ne vois pas pourquoi tu leur cracherais à la gueule? C’est pareil pour eBay, pour CdAndLp, etc… C’est mon choix de vivre avec. C’est un outil, ça me permet d’y acheter des disques, d’en vendre et avec cet argent d’améliorer le stock du magasin. Il y a tout un travail derrière. Si tu subis la concurrence de Discogs, t’es mort car Discogs ce n’est pas une personne, c’est des milliers de vendeurs! Alors oui, il y a des disques 5 euros moins cher sur leur site, achète si tu veux, mais tu vas payer les frais de port. Nous on a une TVA de 20%, il n’y a pas ça pour les particuliers avec la vente en ligne. On essaie donc de trouver un équilibre au niveau des prix par rapport à ça. Ni trop cher, ni pas cher, mais ne pas perdre d’argent. Être raisonnable dans les prix de façon à ce que les clients, quand ils viennent dans les magasins, voient qu’il n’y a pas une grande différence. Ça peut être plus cher, moins cher, mais jamais des écarts incroyables.

Peux-tu nous parler des bootlegs ?

Ce sont des disques pressés sans autorisation, des disques pirates. Nous on va en faire de temps en temps quand un DJ qui fait un truc en Angleterre en sort 300 (il fait un édit d’un morceau), on va en prendre, mais ça s’arrête là. C’est un peu comme les mixtapes des DJs à l’époque pour promouvoir, pas pour gagner de l’argent, mais pour se faire connaître, c’est de l’underground qui n’intéresse personne. Dans les années 70, début 80, ils faisaient des vrais bootlegs, de Prince, de Madonna, etc… La police allait voir tous les magasins pour voir s’il n’y en avait pas qui trainaient, c’était un truc de fou. Aujourd’hui les gens s’en foutent de ça, à moins que ce soit un bootleg de Jackson qui serait dans toutes les Fnac.

Par exemple, il y a eu un bootleg de IAM « Le Micro d’Argent » qui est sorti de Belgique, et Akhenaton me disait qu’il était emmerdé. Il y en avait partout! Moi, les gros trucs comme ça, j’évite.

L’underground de la boutique est-il à l’arrière de celle-ci ?

Pas particulièrement. J’ai des disques cachés parce que je n’ai pas encore fait les prix, parce qu’il faut que je les nettoie. Ça m’arrive d’en mettre de côté parce que je n’ai pas eu le temps de les terminer.

Crédit photo : Sonia Blin

Rachètes-tu des collections de vinyles ?

J’ai récupéré plusieurs dizaines de collections de disques. Beaucoup étaient des clients à moi de l’époque qui ont revendu leur collection de Hip-Hop de House, de Funk et de Jazz.

A quelle génération de Hip-Hop appartiens-tu ?

J’ai vécu l’évolution du Hip-Hop dans Paris, pas en banlieue, sans préjugés, mais c’est comme ça, j’ai toujours vécu à Paris. Dans le 11ème c’était Hip-Hop aussi. On allait au Palace, aux Bains Douches. C’était plutôt parisien, mes potes qui étaient en banlieue venaient me voir sur Paname, pas le contraire. J’ai plutôt une culture parisienne, même dans le Funk. J’ai vécu tout mon truc en intra-muros, Les halles, St Michel, Montparnasse. Tous mes disquaires étaient à Paris.

Je ne suis pas forcément lié à un groupe ou un autre, j’ai tracé à ma manière.

Une liste de disques à proposer ?



Pour aller plus loin…


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