DJ Dee Nasty

On ne présente plus le pionnier des DJ Hip-Hop en France. C’est autour d’un verre, dans son quartier, qu’il nous a accordé quelques instants pour partager sa passion du vinyle et du Hip-Hop.

A l’époque du terrain vague, tu déployais beaucoup d’énergie. Aujourd’hui, pour quel cause en mobiliserais-tu encore autant ?

C’est bizarre dans ma tête parce que c’était une époque particulière, où vraiment ce que j’ai fait, personne l’aurait fait à ma place.

A l’époque, revenant de New York, où j’avais passé une semaine, j’ai pris un bol d’énergie extraordinaire. Même s’il y avait un revers de la médaille (j’étais inscris dans une compétition où je me suis fait hué juste parce que j’étais pas du Bronx), j’ai rencontré de belles personnes et j’ai pris de la force. Afrika Islam m’a nommé Zulu King (donc grosse responsabilité), et je suis revenu en France le cœur et le mental blindés. Je me suis dit: « On va faire les Free Jam au terrain vague ».

Ce que j’ai réussi à faire à ce moment-là, même si j’étais bien accueilli et que ça avait plu, finalement ça n’a pas duré longtemps. C’est devenu un espèce de spot où tout le monde pouvait exprimer son Hip-Hop. Même si c’était déjà le cas avant moi. C’était pas Porte de La Chapelle, pour préciser, c’était le long du métro Stalingrad – La Chapelle.

Toujours est-il qu’aujourd’hui, je peux participer sur la fête de la musique à un truc un peu libre, mais ce n’est pas moi qui vais amener la sono, le groupe électrogène, et me démerder à trouver des potes qui demandent deux francs pour payer l’essence du générateur.

Il y a tellement d’autres façons de mettre de l’énergie, et d’essayer qu’elle soit pérenne et communicative. Donc c’est ce que je fais, et je tiens à le faire encore le plus longtemps possible. C’est mon idée sur ce qu’est le Hip-Hop, ce qu’il m’apporte, le sens du partage. Semer des graines, veiller à ce qu’elles poussent, et avancer comme ça.

Donc tu mobilises pour la transmission des valeurs du Hip-Hop ?

Je considère que mobiliser, j’ai tout fait pour. Après je suis totalement libre et ouvert si des mobilisateurs pensent à moi pour participer à des choses. Maintenant ça s’est inversé! J’espère qu’on ne considère pas que je suis juste un réverbère sur lequel les chiens pissent, et que je suis encore assez vaillant pour pouvoir être une accréditation.

Le Hip-Hop qu’on défend, on peut l’appeler comme on veut: True School, Real Hip-Hop. C’est le Hip-Hop qu’on a connu et qu’on essaie de défendre comme on peut. J’ai 58 ans, donc moi, mettre toute mon énergie, ça veut dire aussi des financements, des autorisations. Je n’ai pas la force et la possibilité de le faire. Par contre je serais très honoré si les gens qui pensent à faire des choses comme ça, pensent à moi pour les valider, les parrainer, ou tout simplement y participer.

As-tu des archives du terrain vague ?

La seule archive qui existe du terrain vague c’est sur la pochette de Destroy Man et Jhonygo « On L’Balance ». Il y a aussi le documentaire « Writers » par Marc-Aurèle je crois. Il y a eu une seule captation vidéo du terrain vague, c’était par Bando qui a amené un pote américain avec une grosse caméra. Il a filmé, je ne m’en suis même pas rendu compte. Et tout d’un coup, moi qui n’avais que des souvenirs dans la tête, le gars fait « Writers », et a accès à cette VHS que lui offre gracieusement cet américain. Donc une heure d’une Block Party de Stalingrad. Après lui il a découpé les moments qui l’intéressaient. Il m’a laissé la VHS, j’étais avec Habib de Chaos Productions. On a pleuré tous les deux tellement le fait de voir… on a chialé de joie, c’était super étrange comme sentiment: tout d’un coup voir en réalité ce qu’on rêvait de comment ça pouvait être… Sur Internet il y a environ 3  minutes qui tournent, où les gens peuvent se faire une idée. Le passage qui a été choisi est dégueulasse, je me retrouve à mixer avec DJ Jo, c’était vraiment pas la meilleure chose à montrer, et un DJ allemand qui venait parce que le terrain vague de La Chapelle attirait, c’était un aimant, un spot pour tout le Hip-Hop graff européen. Il y en avait de plus en plus qui venaient. Et là il y a un DJ qui déboule parce qu’il avait entendu parler des Free Jam à Paris, et je le laisse jouer. Et donc ce qu’on voit sur la vidéo, on le voit lui, et DJ Jo, qui m’aidait à passer les enceintes au delà du mur (voilà, il ne servait qu’à ça), qui joue, et moi. En fait les 3 minutes ne concernent que ça alors que sur l’heure en question il y a beaucoup de choses bien plus intéressantes. Il y a du break, les gars qui graffent. Donc les seules traces qui existent sur Internet, c’est facile: « Block Party Free Jam La Chapelle », et sinon « Writers » le DVD.

Dee Nasty et Don Camilo à l’espace « Les Nautes » (Paris) le 22/03/2019 (Crédit photo : Sonia Blin)

Quelle est pour toi la période la plus créative du mouvement Hip-Hop ?

Pour moi, il n’y en a pas. Aujourd’hui, on peut considérer que c’est une grande période créative au niveau mondial.

Par contre, de mon époque, ce que j’ai considéré comme une période des plus créatives, c’est de 83 à 91. Parce que tous les 6 mois il y avait un nouveau style. Il y avait des gars qui inventaient une autre façon de programmer les beats, une autre façon de sampler, de rapper.

Il y avait un mouvement que Spectrum City (anciennement Public Enemy) portait comme drapeau, le « New Rap Language » (c’est à dire poésie, rimes inspirées, sociales et politiquement imprégnées). Quand à la musique, le beatmaking essayait d’aller vers l’intelligence et l’efficacité. Marley Marl est une des pierres angulaires de cette façon de produire les sons. Sans oublier tout ce qu’il se passait dans les autres états, où la différence c’est qu’on est passé de l’Electro Funk (Space Funk), Electro Hip-Hop (façon Egyptian Lover, ou façon 2 Live Crew pour Miami), au G-Funk. En fait ils ont redescendu les tempos. Donc le G-Funk, qui s’est fait connaître en 93 grâce à Snoop, Dre etc., existait déjà bien avant.

Par contre à New-York, leader de tous les styles, tous les 6 mois ça bougeait de quartier en quartier. Ça c’est un peu formaté début 90. Brooklyn Style, Bronx Style, Queens Style (et c’est Brooklyn qui s’en est sorti) et l’arrivée de Gravediggaz et du Wu-Tang qui a occupé 5 années. Il y avait eu une évolution très rapide.

Tout s’est un peu arrêté en 89, où le Turn-style était devenu un truc facile à faire par beaucoup de gens. Le Turn-style c’est une façon de rapper que quelques rappeurs français ont adopté: Little MC, New Generation MC, EJM et qui était pratique pour rapper en français. Ce mode de rap était rapide entre 110 et 125 BPM.

Les grosses maisons de disques ont signé des gens comme King Bee et les gros labels s’y sont intéressés et ont tué le truc. On a les budgets pour mettre un sample de James donc on va mettre du James derrière tout le morceau puisque ça plaît apparemment! Du coup c’est devenu du rap de discothèque, du rap commercial avant l’heure.

Dans le genre formatage, tu avais Big Daddy Kane (qui faisait d’abord des trucs super sauvages avec Marley Marl). Son label a été racheté par une major qui lui a dit “Il faut faire du mainstream“. Donc il a son groupe de danseurs, il fait son truc, et il tourne au travers des Etats-Unis. Et finalement, dans le vrai monde du Hip-Hop, ça commence à perdre de son sens. Je parle de lui mais aussi de Rakim, Eric B & Rakim sont passés dans la même trappe! Biz Markie s’en sort bien, d’autres aussi. Mais Monie Love, qui avait commencé à faire des trucs un peu rudes et authentiques avec Queen Latifah (Girls Power) se retrouve à faire des albums… De toute façon ils ont tous été rachetés par Universal.

Du coup c’est une période où ça ne va pas bien. Tout commence à être récupéré. Ça devient mainstream. Sur les pochettes, tu vois « Avec les autorisations de James Brown », mais en fait ce sont des grosses boucles. C’est n’importe quoi et ça devient indigeste.

Sauf que la scène underground continue, et en réaction il y a Pete rock & CL Smooth qui déboulent.

Grace à Elektra, qui a un nouveau directeur artistique pour la niche Hip-Hop, un gars de quartier. Le gars se dit: “C’est la chance pour mettre en valeur tous les gens que j’aime bien“. Pete rock & CL Smooth en profitent, et ça donne le début d’un espèce de Jazz Hip-Hop rude, festif, mais ghetto style. Et à coté de ça tu as Main Source chez Wild Pitch qui a la même politique. Tous les labels indépendants sortent des disques. Ça dure jusqu’en 92, presque 93, c’est très court!  Après arrive la vague Wu-Tang . « Jazz rap c’est bien gentil, mais notre vie est plus dure que ça ». Et le côté sombre qui envahit tout, tous les morceaux, et ce jusqu’en 96.

Après plusieurs se sont libérés de cet état d’esprit notamment dans les productions. Wu-Tang était plus de la musique qu’on écoute que de la musique qu’on puisse jouer en tant que DJ.

Le mouvement Hip-Hop est toujours là aujourd’hui parce qu’il a toujours été créatif. La trap, il y a de la bonne et de la mauvaise, comme il y a toujours eu du bon et du mauvais…

Dans les années 83-86, les petits frères avaient juste une petite boite à rythme, un micro, un 4 pistes, le DJ ne savait faire que des scratchs un peu primaires, et c’était comme ça. Les grands frères ou les parents n’avaient plus vraiment leur mot à dire. De là est née la vague LL Cool J, NWA. Des jeunes qui ont grandi, et qui à 18 ans ont tout défoncé.

Donc ceux d’aujourd’hui, leur public va grandir. Ceux qui font du beatmaking vont grandir aussi, et ils vont avoir d’autres inspirations, ils vont évoluer. S’ils font déjà ça à l’âge qu’ils ont, moi je ne suis pas inquiet pour le futur, à moins qu’ils aient vraiment des goûts de chiotte!

Crédit photo : Sonia Blin

Le disque vinyle représente–t-il un symbole pour toi ?

Non plus du tout (rires…). Le seul symbole que ça représente c’est ma femme qui me dit: “Écoutes, tu en as quand même 26000, et ça commence à faire beaucoup. Il faudrait peut-être que tu penses à trouver un local pour récupérer une pièce dans notre appartement“. Sauf que je ne trouve pas d’endroit pour stocker mes disques…

Le vinyle est un symbole pour moi juste parce que je vis avec mes vinyles, que je les ai pour la plupart depuis très longtemps. Je les ai accumulés par passion du vinyle, et par passion de transmettre le son.

Je ne me suis pas mis au Serato, non pas par dédain, ou refus de la technologie, mais juste que ça coûtait une blinde, et je n’ai pas de soucis de mal de dos (malgré le fait que j’ai trimballé mes 60 kilos de disques pendant fort longtemps).

J’ai toujours pensé, avec une grande philosophie, que je vieillis, et mes disques aussi. J’aime mes disques et mes disques m’aiment. Chaque disque aura son tour dans les soirées que je fais. J’ai un amour pour l’objet en question, et aussi pour tout ce que ça raconte. Quand tu as un disque dans les mains, il te raconte quelque chose. Même avant de l’acheter, parfois tu peux te tromper, ça transpire quelque chose: le lettrage, le logo, le nom de l’artiste, le nom du morceau, d’où ça vient… Il y a déjà quelque chose qui se passe.

Je n’ai rien contre la technologie. Tu appuies sur des touches, et c’est comme si tu avais 4 platines au bout de tes mains. Ce qui est très intéressant. Après, c’est qu’est-ce que tu joues avec ça? Moi je jouerai que les disques que j’ai déjà.

La seule chose que me permettrait un Serato, c’est de jouer les choses qui ne sortent pas en vinyle, ou mes propres productions. Mais j’ai trouvé une façon de faire différemment. J’ai trouvé un gars qui presse des vinyles double face pour 20 balles. Du coup je vais me faire une collection avec tous les trucs que j’ai sur internet, que j’ai ré-encodé et remastérisé, et mes propres productions. Comme ça je suis cohérent avec moi-même, et je continue à amener des vinyles.

En fait, le vinyle n’est pas un symbole, c’est le symbole d’une époque.

Du coup, pour la conservation du contenu de tes disques, ferais-tu appel aux nouvelles technologies ?

Alors je suis d’accord avec ce principe, mais il faudrait qu’un musée de la musique lié au Ministère de la Culture se penche sur ma discothèque, et considère que ça fait partie d’un certain patrimoine. Comme Bambaataa ou Jazzy Jay ont fait en confiant leurs collections a des musées qui s’occupent d’encoder tout. Hors ce n’est pas le cas ici, donc moi j’encode ce que je peux mais voilà, 26000 disques (c’est à dire 2 morceaux par disques, donc ça fait 54000 morceaux, fois 4 minutes), il ne me reste pas assez de temps dans ma vie pour tout encoder. C’est juste impossible.

Tu as vu, tu es passé chez moi. Là je m’occupe que de l’Electro Space Hip-Hop, et déjà, pile par pile, j’en aurais pour une année pour encoder ce qu’il y a (voir beaucoup plus). Donc, s’il y avait une technologie qui me scanne le disque, et qui mette le nom direct, avec grand plaisir. Mais ça n’existe pas pour l’instant… C’est une bonne réponse ?

Après, là où je suis bien avec moi-même, c’est que tous les disques que j’ai, je les ai joués, et je m’en suis servis. 26000 disques, c’est plus de 5 tonnes. Chaque disque a une histoire avec moi. Je sais quand je l’ai joué, combien de fois. Quel que soit le style, mon rapport est fusionnel avec mes disques. Parfois on me reproche que mes disques craquent, je réponds alors: « Mon disque craque… moi aussi, mais tu l’as déjà entendu celui-là ? Non, ben voilà. »

Après le problème, c’est les disques qui sautent! J’essaie de les nettoyer, mais il y a plein de choses, en tant que DJ, qui font mal aux disques. Par exemple quand tu es dans un endroit super chaud, tu sues de la sueur salée. Une goutte tombe sur un disque, le sel se met dans le sillon, et ton disque est mort! Après tu peux faire ce que tu veux, au Karcher, prendre un bain d’eau chaude pendant des jours, etc… Le sel restera toujours au fond du sillon…

Continues-tu à acheter des disques, nouveaux et anciens ? Si oui, quel est ton budget ?

Je préfère déjà bien m’occuper des disques que j’ai. Par contre il y a des choses qu’il faut absolument avoir, donc j’ai quelques bouclards, Betino entre autre, où je sais que je vais trouver ce qui me correspond vraiment. Soit c’est de l’ancien que j’ai jamais eu et que j’espérais avoir, et quelques nouveautés. Le problème c’est qu’il y a beaucoup de choses qui me tentent, par exemple le Boogie Funk, mais finalement ça va être comme l’Acid Jazz à une époque. Je me suis gavé, tous les Incognito, Brand New Heavies, que je n’ai jamais joué. Donc j’investis très peu et très peu souvent.

J’ai aussi Luke (de Luke Skywalker) qui me fait des lots à 1 dollar le disque. Dès qu’il y en a 50 il me les envoie, et là je trouve que ça vaut le coup. Il y a 80% de tueries, des trucs même pas référencés. Des trucs que je joue dans mes soirées G-Funk, Miami Bass. Que des labels improbables. Sur Discogs ça n’existe pas, mais peu importe, ça existerait tant mieux! C’est tellement intemporel comme style de G-Funk, que je me régale à les jouer. Et ça vient de ces lots-là!

Mais je me suis saigné depuis que je suis ado sur les disques, c’est un peu égoïste. Aujourd’hui il y a la vie. Et dans 20 ans, qu’est-ce que je vais léguer à ma fille? Je ne vais pas lui laisser 5 tonnes de disques, c’est trop pour un seul homme! Déjà, j’ai besoin d’une archiviste… Donc le budget disque: 100 balles tous les 6 mois.

Du coup, chez quels disquaires trouvais-tu tes disques ?

Comme disquaires sur Paris, il n’y avait rien, que dalle. Juste « Oldies But Goodies » avec des disques super chers. Les puces, ils avaient beaucoup de merdes. Moi je suis un digger, j’ai toujours cherché. Tout à coup est arrivé « Crocodisc ». Ils avaient leur bacs à soldes, avec des trucs intéressants. Après il y a eu « Coppa », qui achetait les mêmes lots, dans les même containers que « Crocodisc ».

Après au niveau Hip-Hop il y a eu Xavier, de « Sound Record », qui m’a proposé d’être son vendeur sur son futur magasin. J’ai refusé parce que j’étais déjà coursier, et j’allais pas lâcher mon taf (le seul que j’avais) pour faire un truc où on savait pas où on allait.

Finalement il a monté son bouclard à coté de Nation, et après à Châtelet Les Halles. Donc on va considérer que lui c’est le premier disquaire (Hip-Hop ndlr). Après il y a eu « Tikaret », qui faisait de l’import aussi. Il faisait beaucoup d’allers/retours à New-York, et il ramenait des fringues, mais aussi des disques.

Et puis sont venus « Les Jumeaux », LTD, et d’autres disquaires. Le meilleur pour moi, dans la philosophie et la façon de faire, c’était « Les Jumeaux » (Streetsound). C’était à coté de Place de Clichy, La Fourche. Eux ils faisaient des allers/retours à New-York et à Los Angeles pour aller chercher dans les quartiers les disques importants, qu’ils étaient les seuls à ramener.

Aujourd’hui je vais chez Betino parce que je le connais depuis super longtemps, via Caramel que j’ai connu bien avant. Il y avait aussi Champs-Disques. Un vendeur de Champs-Disques faisait son truc indépendant, c’était dans une galerie des champs (Élysées), et il faisait du Profile, etc… C’était juste avant le boycott général de tous les vendeurs: « On ne fait plus de Hip-Hop ». Après ça du coup il a fondé Caramel, qui était dédié à fournir les Fnac (et tout ceux que ça intéressait) en import. A l’époque (en 85-86), moi je les connaissais depuis bien avant. J’allais les voir, je regardais les telex. Sur ceux-ci il y avaient des noms, et c’était marqué Rap, Disco, etc… Du coup il y en avait pas mal que je commandais en deux copies. Une semaine après ça arrivait et j’avais mes deux copies. Et j’ai fait la même chose avec la Fnac Montparnasse. Il y avait un gars, qui y travaille toujours, il s’appelle Thierry, qui avait un bac Funk, et un peu Hip-Hop. Je me suis fais connaître et on faisait les telex ensemble. Et je lui disais le nom de trucs à commander.

Avant cette période là, j’allais à Londres pour chercher… Pour moi , le meilleur disquaire à Londres, c’était « Groove Records ». Il y avait une quantité incroyable, et tout arrivait. J’avais un budget pour m’acheter une vingtaine de disques, j’y allais en bus (Eurolines: Bus-Ferry-Bus) et je ramenais une vingtaine de disques que je jouais après sur Radio 7, avec l’émission « More Music Let’s Talk ». Ce qui a pas mal réveillé le rap en France, parce que j’étais le seul à ramener des nouveautés que personne n’avait ici.

Crédit photo : Sonia Blin

Ecoutes-tu la radio aujourd’hui ? Si oui, quelle fréquence ?

Non je n’écoute pas de radio, sinon celle que ma femme écoute, genre France Inter.

Nova je n’écoute pas parce que j’ai peur que ça m’énerve. Et toutes les autres radios, j’ai peur que ça m’énerve et que ça me rende neurasthénique. Parce qu’à chaque fois, j’ai envie de dire: « Pourquoi ils ne me demandent pas de travailler pour eux? ».

RFI ?

RFI surtout pas ils viennent de me virer!

France Inter, il n’y a pas de musique (ou très peu) donc ça me va très bien! J’ai tellement de choses à écouter, que quand je ne fais pas, ou que je ne joue pas de musique, je suis plus télé, à regarder tout et n’importe quoi.

Par contre, si j’écoute de la radio, je vais aller sur RTVE, écouter l’émission de Franck T, qui a lieu 2 heures par jour et qui joue tout le rap espagnol et latino. Ça, ça m’intéresse…

Mais écouter la radio j’ai écouté Skyrock, après voilà FPP, j’y participe, je n’ai pas besoin d’écouter puisque j’y participe, et puis je ne sais pas, donnez-moi des radios à écouter je les écouterai.

Un point sur ton actualité ?

Il y a eu un premier épisode de Furious avec Real Fake MC. C’est un 5 titres sur le label Furious. Furious ça veut dire en colère (ça veut pas dire haineux), notre slogan c’est musique colérique pour gens colériques. C’est Jow. L qui fait le graphisme, c’est moi qui fait la direction artistique, et c’est Jean Troutman qui fait la production.

La deuxième sortie est en production. Elle s’appelle « Octopussy presents, Grandmaster Deenasty presents, 15 furious tracks for furious BBoys ». C’est des morceaux que j’ai composé au fil des années, de 93 à aujourd’hui, uniquement pour le break. C’est le volume 1, ensuite il y aura les volumes 2, 3, et après il y aura un volume pour la danse debout.

Pour ceux qui ne savent pas, Octopussy, dans les contes et légendes du Hip-Hop, c’est la reine de Zektar. Zektar c’est la planète du Hip-Hop. C’est là où on se retrouve tous. C’est très mental et ça s’appelle Zektar. C’est la planète qui nous appartient. Et c’est Octopussy qui gère cette planète, et qui accepte ou n’accepte pas ceux qui veulent y rentrer. Elle a huit tentacules et huit platines, elle connaît tous les disques du monde, et même ceux à venir.

A part ça, j’ai fait un morceau pour Napoléon da Legend. Au début c’était un remix d’une mixtape qui est sorti à Brooklyn. C’est un gars qui est épaulé par DJ Scribe (qui vit à Mulhouse), et ça s’appelle « From Mulhouse to Brooklyn ». C’est magnifique, franchement jetez une oreille ou un œil… Là c’est le deuxième volume, et j’en fais partie, mais il y a tellement d’autres choses sur ce maxi qui sont extraordinaires.

Je fais part aussi des morceaux avec Médouze. C’est un peu la même connexion.

Sinon j’ai fait des scratchs pour un morceau du prochain album de DJ PH du Crew Zulu de Marseille (PH, Rebel, DJ Bijoutier, tout ça).

Je prépare également un 4 titres pour Lord Funk, sur son label Boogie Butt, qui devrait sortir au printemps.

A coté de ça, je prépare un lot de mixes, que je vais mettre sur mon site, qui s’appelle: What Do You Know About ? Avec des thématiques de styles, d’années, sur des petits labels, sur des trucs improbables, que vous n’avez peut-être jamais entendu. C’est une sélection Deenastyle. Des choses merveilleuses à faire découvrir. Tout ça sera sur mon site (www.deenasty.fr), sur le site de la Zulu, et il y aura une newsletter tous les 15 jours.

Un objet symbolique ?

C’est pas un objet, c’est un truc de luxe, le diamant, car il est éternel…



Pour aller plus loin…


Retrouvez l’interview en audio ici :

BONUS : Échange avec Dee Nasty sur le Boom Bap :